A l’approche des élections générales du 9 mai aux Philippines, l’Etat intensifie le harcèlement judiciaire exercé contre la lauréate du prix Nobel de la Paix Maria Ressa et contre le média qu’elle dirige, Rappler.
Quatorze nouvelles plaintes pour cybercriminalité ont été déposées contre Rappler ces dernières semaines, visant plusieurs journalistes et leurs sources à la suite d’une enquête sur Apollo Quiboloy, un pasteur protestant proche du président Rodrigo Duterte – qui figure sur la liste des personnes les plus recherchées par le FBI -, et sur huit de ses disciples. Apollo Quiboloy et ses associés sont en effet inculpés d’association de malfaiteurs, mis en cause dans des affaires de proxénétisme – dont certaines impliquent des personnes mineures -, d’utilisations abusives de visas, d’affaires de blanchiment d’argent et d’infractions variées. En parallèle, la société d’Appolo Quiboloy, Sonshine Media Network International (SMNI), qui s’est attaquée à des journalistes et des médias indépendants, critiques de l’administration Duterte, a récemment obtenu du gouvernement une licence de diffusion pour des chaînes de télévision.
« Le harcèlement judiciaire qui vise Maria Ressa et le site Rappler suit une escalade dramatique, laquelle souligne l’urgente nécessité pour les Philippines de dépénaliser la diffamation et d’abolir une série de lois qui sont régulièrement utilisées de manière abusive pour persécuter les journalistes dont les reportages dénoncent les actes litigieux de gouvernement. Les tentatives flagrantes de l’État de supprimer les services de fact-checking de Rappler déployés en cette période électorale constituent une tentative inacceptable de priver les Philippins de leur droit à des informations exactes, ce qui est pourtant essentiel pendant une période électorale », déclare le comité directeur de la coalition « Hold the Line » (HTL).